Fondée par Alain Sainsot avec l’appui de Mérieux Equity Partners, la CDMO toulousaine GTP Bioways est en passe de se doter d’un appareil de production qui couvrira beaucoup des besoins des promoteurs d’immunothérapies. Elle vise un CA d’environ 40M€ à l’horizon 2025.
« Notre modèle est simple, mais il répond à une problématique complexe, nous indique Alain Sainsot le président de la CDMO toulousaine GTP Bioways. Nous visons la constitution d’une offre exhaustive de développement et de production de lots cliniques et précliniques jusqu’à la phase II dédiée à l’immunothérapie. »
Et il semble bien que ce serial entrepreneur – déjà fondateur en 2013 d’Amatsigroup, revendu depuis à Eurofins – soit près de réussir ce nouveau et ambitieux challenge. La société, qui s’est adossée au fonds Mérieux Equity Partners, contrôle déjà trois entités qui couvrent un large champ de cette activité de sous-traitance pharmaceutique très spécifique.
Ainsi, GTP Immuno (environ 1 M€ de CA, 5 collaborateurs) se consacre sur son site d’Issoire (63) au dosage et à la caractérisation HCP (host cell proteins). GTP Tech (45 salariés, 5 M€ de CA) installée à Labège (31) est pour sa part dédiée au développement de process de protéines thérapeutiques, tandis que sa société-sœur GTP Nano (2 M€ de CA, une vingtaine de collaborateurs) assure le manufacturing et fill & finish des lots cliniques.
« Il n’y a pas beaucoup de trous dans la raquette », assure Alain Sainsot qui ne voit pas quel autre acteur industriel français peut aujourd’hui rivaliser du point de vue de la couverture technologique. « Nous sommes l’une des rares CDMOs, sans doute la seule à intervenir à la fois sur le cellulaire et le microbien ».
D’autant que le dirigeant n’hésite pas à nouer des partenariats très ciblés avec d’autres acteurs. « Nous sommes en train de signer un partenariat stratégique avec un acteur toulousain qui nous apportera son expertise en matière de production de cellules NK. Un autre laboratoire, avec lequel nous sommes en discussion, devrait contribuer à nos projets dans le domaine des anticorps conjugués », précise Alain Sainsot. Qui rappelle qu’il est également directeur général de GTP Biologics, une entité utilisant les capacités de l’usine Fareva de St-Julien-en-Genevois (74) pour produire des lots cliniques d’anticorps monoclonaux de plus grande taille (jusqu’à 1000 et 2000 litres) : « Je souhaite désormais privilégier ces deals qui apportent beaucoup d’agilité… et sont beaucoup moins onéreux que les stricts rachats de biopharmas ou de capacités. Les valorisations atteintes par ces cibles me semblent aujourd’hui dissuasives. »
La CDMO entend aussi muscler son propre appareil de production.
GTP Bioways est en train d’investir 12 M€ dans la construction de deux modules de production qui seront édifiés à proximité de l’Oncopole toulousain sur une surface totale de laboratoire d’environ 2000 m². Ils seront tous deux spécialisés dans la production d’anticorps monoclonaux de petit volume pour des thérapies cellulaires complexes. La première plateforme (300 m²), orientée vers la production de lots jusqu’à 20 litres, devrait être réceptionnée en avril 2023. La seconde, qui se déploira sur 1500 m², accueillera la production de lots jusqu’à 250 litres. Sa mise en service est programmée pour l’été 2023.
« C’est un programme qui répond à des préoccupations de souveraineté stratégique sanitaire », estime Alain Sainsot, très au fait de ces problématiques puisqu’il fut co-chef de projet, au côté d’Isabelle Thizon-de-Gaulle, au sein du comité de filière santé biopriduction (CFS). Les pouvoir publics ne s’y sont d’ailleurs pas trompés puisqu’un soutien de 5,9 M€ a été accordé par BpiFrance au programme industriel de la CDMO toulousaine.
« Nous disposons aujourd’hui de tous les outils pour réussir, analyse Alain Sainsot. Et cela en dépit d’un contexte très difficile, marqué par une succession de crises et un accroissement sans précédent des coûts. Il faudra, sans doute, aussi traiter sans tarder la question de la soutenabilité financière de ces nouvelles thérapies. »
Compte tenu des perspectives de ce marché, GTP Bioways, qui affiche aujourd’hui un CA de 8,5 M€, prévoit de dépasser le seuil des 40 M€ à l’horizon 2025.
Jean-Christophe Savattier, Actulabo